○ La contamination de produits consommables
○ Les dangers sanitaires de composants aromatiques polycycliques
○ Les catastrophes liées à la pollution par dioxines
○ Etude INVS concernant les cancers à proximité des UIOM
○ Les effets sur la santé animale et humaine des éléments traces métalliques (ETM)
Dans tous les procédés thermiques la présence de plastiques et de traces de chlore (en présence d’oxygène) conduit à la fabrication de dioxines et de furane, qui sont des produits cancérigènes.
Les concepteurs et opérateurs de ces installations estiment qu’aujourd’hui ces installations respectent les normes, sont sécurisées et ne présentent aucun danger.
Même si cela était le cas, avec la fermeture de quelques 175 installations en France, les scandales autour de cette filière et des rapports alarmants sur l’incinération, il est clair qu’avec des situations à répétition, un problème sociologique a été créé que seules des preuves concernant l’innocuité de ces procédés, pourra enrayer.
La situation en zone urbaine dense
En Ile-de-France dix-neuf incinérateurs sont situés principalement en milieu urbain.
L’absence d’activités agricoles et un nombre de potagers très en retrait par rapport à ceux en zone rurale, suggèrent que l’exposition aux émissions atmosphériques par voie alimentaire est faible. A l’évidence, ce cas de figure où près de six millions de franciliens résident à proximité d’un incinérateur ne correspond pas à celle en zone rurale.
L’exposition aux émissions atmosphériques d’une population à forte densité peut être plutôt par inhalation en particulier de particules, par voie cutanée, et dans une moindre proportion par ingestion (effet de la main à la bouche). Cette configuration existe dans toutes les grandes villes.
Selon l’éminent cancérologue, le Professeur Belpomme, l’exposition répétée à des dioxines peut déclencher des cancers.
- Observation :
Des registres concernant certaines pathologies, dont les cancers, sont déjà tenus par diverses instances médicales. Cette démarche devrait être étendue pour faciliter l’identification des sources potentielles à des risques environnementaux.
Les mécanismes des transferts des polluants à l’homme par l’incinération sont illustrés dans la fig. ci-dessous.
(cliquez sur le tableau pour l'agrandir. Revenez au document par la touche "retour" de votre navigateur.)
L’INVS estime que la quasi-totalité des cancers dus aux éco toxiques se produisent par ingestion. Ce mécanisme paraît indiscutable en zone rurale, mais la situation en zone urbaine dense est peut-être différente.
Produits écotoxiques produits par des UIOM et l’Industrie
Suivons trois circuits simples dans une installation concernant :
- Le chlore
- Dans l’incinération il est converti en acide chlorhydrique et avec l’humidité aérienne il se transforme en pluies acides.
En présence de plastique il produit des « dioxines et furanes » (deux groupes de dizaines de molécules extrêmement toxiques). Sans destruction thermique ou par catalyse, ces molécules sont dispersées par les fumées dans la nature, et en définitive s’accumulent dans la chaîne alimentaire jusqu’à l’homme.
- Dans la thermolyse, il se retrouve dans le solide carboné (coke). Si l’acide est lavé avant combustion il se dissout dans l’eau, autrement, sans précaution, il part dans le ciel, et pourrait se convertir en pluie acide.
- Les métaux lourds
- En incinération, ils se retrouvent dans les rejets des fumées, et en moindre quantité dans les mâchefers.
- En thermolyse, ils sont présents dans le coke utilisé comme combustible de substitution pour d’autres installations (exemple : chaufferies municipales), qui en général ne sont pas équipées pour l’utilisation de ce type de produit.
C’est une situation de négligence en matière de sécurité sanitaire.
- Les dioxines et furanes (molécules organiques chlorés)
Ce sont des séries de composés chimiques stables, persistants, polluants et redoutables, qui se déposent dans l’environnement et ont une forte capacité à s’accumuler dans la chaîne alimentaire de l’homme. Vous souvenez-vous du poulet dioxiné Belge?
Ils se forment au dessus de 300°c à partir d’une molécule cyclique de type benzène en présence d’oxygène et de banals composés chlorés (exemple de source de chlore, le PVC).
Ce ne sont pas des molécules synthétisées pour fabriquer des insecticides et des réfrigérants (dont les utilisations sont actuellement également remises en cause), mais des indésirables dont la formation est liée aux activités humaines.
Les toxicités sont très variables, en fonction du nombre et du positionnement des atomes de chlore. Il existe théoriquement 210 composés de ce type dont 17 sont très toxiques et particulièrement bio-cumulables.
Quelques exemples de réservoirs potentiels de ces produits, et de leurs diffusions dans l’environnement :
- Bois traités au pentachlorophénol (attention à l’utilisation de ces déchets dans les chaufferies municipales).
- Anciens transformateurs électriques contenant des PCB.- Incendies de bâtiments, d’entrepôts stockant du PVC
- Accidents dans des usines de production de dérivés organochlorés ; de triste mémoire : SEVESO (Italie) et BHOPAL (Inde).
Aujourd’hui, les installations représentant le plus important risque environnemental sont classées SEVESO. Ceci explique l’ampleur du désastre de l’explosion du réacteur de l’usine provoquant l’épandage du produit.
- La pollution de toute une vallée par l’incinérateur d’ordures ménagères de Gilly-sur-Isère qui rendit nécessaire l’abattage de troupeaux entiers de bétail et déclencha une vague de cancers parmi la population vivant à proximité de cette installation.
Les études de l’Institut de Veille Sanitaire (INVS) et l’Agence Française de Sécurité des Aliments (AFSSA) commandées par le Ministère du Développement Durable
Ces études ont démontré qu’autour des incinérateurs étudiés, et qui étaient en fonctionnement depuis un certain temps, le taux de cancers des populations vivant à proximité de ces installations était plus élevé qu’ailleurs.
Ces résultats confirment celles d’autres publications scientifiques parues précédemment (Prof. Viel à Besançon) faisant le lien entre cancers, malformations congénitales, destruction des gamètes mâles (procréation de plus de filles) et la proximité d’un incinérateur.
L’INVS ne pouvait se prononcer sur la situation autour de nouvelles unités faute de recul suffisant.
- La valeur limite de 0,1 ng I-TEQ (International Toxic Equivalent)/m3 a été fixé par la circulaire Lepage du 24/2/1997, puis l’arrêté du 20/09/2002, imposé par une Directive Européenne de Décembre 1994. Ce seuil est applicable à tous UIOM depuis fin 2005.
(nano = 1 milliard de fois plus petit)
- Les prélèvements :
L’arrêté du 20/09/2002 prévoit des mesures des dioxines à l’émission deux fois par an, et un suivi de l’impact de l’installation sur l’environnement en ce qui concerne les dioxines et les métaux lourds.
. L’Article 28 de l’Arrêté Ministériel du 20 Septembre 2002, interdit les contrôles inopinés.
Les opposants à l’incinération posent légitimement la question : comment est-il possible de contrôler efficacement une installation industrielle complexe avec deux analyses par an, prélevées après avoir prévenu l’opérateur de l’imminence d’un tel prélèvement ?
Pour surmonter le problème de l’échantillonnage instantané du prélèvement, certains opérateurs ont opté pour le prélèvement en continu, mais les analyses complexes continuent à se faire pour un nombre limité de dioxines et furanes ; les plus connus.
Le coût de ces analyses par des laboratoires spécialisés est très élevé. Ceci explique la réticence des gestionnaires des UIOM d’augmenter leur nombre.
Cette situation n’est pas satisfaisante !
La perception actuelle de l’incinération
Elle est incontestablement plus saine que par le passé.
Faut-il fermer tous les incinérateurs après avoir dépensé des sommes astronomiques pour les mettre aux normes ? Ces normes sont-elles contestables (voir valeurs réglementaires p. 85) ?
Ce qui paraît certain, c’est que les collectivités locales, sauf contraintes par les pouvoirs publics ou la par la pression exercée par leurs administrés, feront de la résistance.
Alors la question se pose : tant qu’un statu quo existe ne vaut-il pas mieux utiliser intelligemment ces installations ? Dans certains cas elles sont indispensables : incinération de déchets médicaux (CHU d’Angers détruits par Valorena Nantes).
Quant à la mise en chantier de nouvelles usines, avant de prendre une décision il est indispensable de faire des comparaisons économiques des différentes technologies.
Les dioxines
- Définition
Le terme de « dioxines » désigne une famille de composés aromatiques tricycliques chlorés qui présentent des propriétés physico-chimiques semblables. Elles ne diffèrent que par le nombre et la position des atomes de chlore, ainsi que la disposition des cycles aromatiques. On distingue 75 polychlorodibenzo-p-dioxines (PCDD, les dioxines) et 135 polychlorodibenzo-furanes (PCDF). Quand on parle de la dioxine, on fait généralement allusion à la plus toxique de ces molécules, la 2,3,7,8-tétrachlorodibenzo-p-dioxine (TCDD), ou dioxine de Seveso car c'est elle qui s'est formée lors de ce célèbre accident industriel.
- Composition
Les dioxines (PCDD) existent dans la nature et sont constituées de deux noyaux de benzène deux molécules d'oxygène et de molécules de chlore, de fluor ou de brome (1 à 8). Les furanes (PCDF) se différencient des dioxines par la présence d'un seul atome d'oxygène dans le cycle central.
- Propriétés
Ayant une structure chimique très voisine, ces composés présentent un mécanisme d'action commun qui explique la similarité de leurs effets toxiques. On n’estime que 17 d'entre elles
(7 PCDD et 10 PCDF) sont toxiques mais une seule est cancérogène pour l'homme : la 2,3,7,8-TCDD, connue sous le nom de dioxine de Seveso, d'après le Centre International de Recherche sur le Cancer.
Une propriété importante de ce type de composés est sans doute leur grande stabilité physique et chimique due à la présence des atomes de chlore. Elles sont résistantes à la biodégradation. Seuls des oxydants tels que l'ozone, le tétroxyde de ruthénium ou des enzymes d'oxydation peuvent réagir avec les dioxines. La stabilité augmente avec le nombre d'atome(s) de chlore présent dans la molécule. La conséquence de cette stabilité est la non destruction et l'accumulation de ces produits dans la nature, chez les végétaux et animaux, en particulier dans l'organisme humain qui a du mal à l'éliminer (elles y subsistent pendant de nombreuses années). Du fait de leur lipophilie, ils se concentrent essentiellement dans la masse graisseuse, le long de la chaîne alimentaire, qui est la principale voie d'exposition chez l'homme.
- Zéro dioxine
La valeur « zéro dioxine » n’existe pas. Il faudrait éliminer toute forme de chauffage à partir de combustibles fossiles, interrompre le transport motorisé, fermer toutes les fabriques, qu'elles utilisent ou non du chlore, puisqu'elles génèrent toutes, même en petites quantités, des dioxines qui se répandent dans l'air, l'eau et les sols. Enfin, dernier point important, il faudrait arrêter la .FNature, car elle produit elle-même des dioxines.
- Les sources de dioxine
Les dioxines sont essentiellement formées lors de combustions naturelles ou industrielles, à des températures entre 250°c et 400°c. Elles peuvent être détruites à des températures >850°c.
Elles se retrouvent donc dans l'environnement, et de ce fait, dans la chaîne alimentaire.
Les sources de pollution affectant notre alimentation sont :
- D’origines naturelles :
- Les feux de forêts
- La biodégradation du bois.
- Les procédés biologiques complexes : une partie importante de mycètes font moisir le bois. Ils le font pour atteindre la cellulose, dont ils ont besoin comme source d'énergie.
La combustion de bois (feux de jardin par exemple),
- Le chauffage domestique au bois ou au charbon de bois
- D’origines chimiques au quotidien :
- La combustion de cigarettes,
- Les transports motorisés,
- Les fours...
- D’origines industrielles :
- La sidérurgie,
- La métallurgie,
- La cimenterie
- La production d'électricité,
- L'industrie du chlore (et du PVC),
- La production d’engrais et de pesticides
- L'incinération des déchets hospitaliers,
- Les usines d'incinération d'ordures ménagères et de produits dangereux.
Des actions ont été mis en place pour réduire la production anthropique de dioxine par :
. La diminution des émissions polluantes dans l’environnement, et
. Le retrait du marché de certains produits contaminants.
- Les polluants organiques déposés sur les sols :
La contamination des sols en polluants organiques se fait principalement par voie aérienne.
Les PCDD/F se déposent directement sur le sol ; se fixent en grande partie aux particules et
semblent peu migrer en profondeur du fait de leur forte affinité pour les colloïdes du sol.
Elles se retrouvent généralement dans les premiers centimètres au-dessous de la surface, sauf en cas de labourage.
Les conditions météorologiques interviennent de façon importante dans les dépôts par rapport à la source d’émission.
La persistance des PCDD/F est très longue. La demi-vie de la TCDD est d’environ 10 ans. Les congénères plus chlorés ont une durée de vie encore plus longue.
Les actions anti-pollution
- Des approches multi filières ont été développées pour réduire la production de déchets et éviter leur incinération ou leur enfouissement.
- De nombreux UIOM très polluants ont été fermés et ceux maintenus en activité ont subi des remises aux normes. Cependant, cette situation n’est toujours pas entièrement satisfaisante.
- Des contrôles de la conformité aux normes des installations sont réalisés par des organismes publics, mais ces contrôles devraient avoir lieu de manières inopinées. Ce n’est pas le cas actuellement.
- Dans certains cas il a été mis en place une surveillance des sols à proximité des installations.
D'après des données publiées en Europe, depuis la fin des années 70, l'amélioration des procédés industriels et l'abandon de certaines fabrications ont conduit à une diminution globale des émissions de dioxines.
En 2001, selon le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa), les usines d'incinération d'ordures ménagères représentaient le premier et principal émetteur de dioxines (de l’ordre de 255 g/an équivalent toxique I-teq, soit plus de 50 % des dioxines émises dans l’atmosphère). La modernisation du parc des incinérateurs a néanmoins permis de réduire considérablement les quantités de dioxines émises qui seraient passées de 1,1 kg en 1990 à 10 g en 2005.
Les techniques de traitements des déchets suscitent de nombreuses craintes de la part du public. La réponse des pouvoirs publics à la demande sociale d’un moratoire n’a pas été accueilli favorablement dans le cadre du Grenelle.
En 2005, on comptait environ 132 usines d'incinération d'ordures ménagères (213 en 2000, 292 en 1985), dont quatre utilisaient la technologie du lit fluidisé. Cependant, la moyenne nationale des quantités de déchets ménagers et assimilés produits par les Français est en progression constante, mais semble se stabiliser actuellement à 353 kg/an/habitant (Ademe).
Cette évolution globale n'exclut pas des situations locales particulières.
- Mesures pour réduire la production des dioxines dans l’incinération :
Il est paradoxal que les incinérateurs produisent des dioxines avant de les détruire.
Il existe plusieurs niveaux d'actions pour contrôler les émissions des dioxines d’un incinérateur :
. Dans son exploitation, en maintenant le foyer de combustion à 850°c,
. En contrôlant le refroidissement des gaz qui reproduit les conditions favorables à la reformation de dioxines,
. En traitant les fumées par l’installation de chambres à catalyse destructrices des dioxines mais également de NOx.
Tous les UIOM ne sont pas équipés de chambres à catalyse.
La recherche :
- Il est nécessaire d’augmenter le développement de nouvelles méthodes analytiques fiables (PCDD et PCDF), moins coûteuses, et développer des modèles permettant d'évaluer les niveaux d'exposition des différents segments de la population (urbaine ou rurale), et prévoir l'évolution des niveaux de contamination (en fonction du temps d’exposition).
L’élimination de dioxine
La demi-vie de la TCDD (TetraCloroDibenzo-para-Dioxine) dans l’organisme varie de 2 ans chez l’enfant à plus de trente ans chez l’adulte en fonction de facteurs individuels (adiposité, profil métabolique). Les estimations de demi-vie varient beaucoup.
Chez les animaux de laboratoire la demi-vie est plus courte que chez l’homme. Elle est de 10 à 30 jours chez le rat et d’un an chez les singes.
Autres composés dangereux émis par les fumées des UIOM et l’industrie :
- Les oxydes de carbone (CO et CO2)
Le CO est dangereux parce qu’inodore et toxique.
Le CO2 est un gaz à effet de serre qui contribue au réchauffement climatique et dont il faut contrôler les émissions (Protocole de Kyoto)
- Les oxydes d'azote (NOx) Réf : Inrs, Fiche toxicologique FT 133 (édition 2006)*
Les monoxydes d’azote (NO), et le dioxyde d’azote (NO2) peuvent se former par combinaison avec de l’oxygène (O2) lors de phénomènes naturels tels des orages ou des éruptions volcaniques.
La principale source de NOx comme polluants de l’air, provient de la combustion des énergies fossiles (véhicules à moteur, centrales thermiques, UIOM). Le NO2 peut se polymériser en dimère N2O4 mais se décompose en NO2 dès que la température augmente. Un mélange du mono et dimère constitue le peroxyde d’azote
Ces composés sont très toxiques par inhalation.
Ces gaz sont capables de se combiner avec de l’oxygène pour former de l’ozone (O3), qui peut pénétrer dans l’appareil respiratoire et agir sur les composants cellulaires des poumons. Ce processus peut affecter les capacités respiratoires.
Ces effets sont accentués lors d’expositions prolongées ou d’efforts physiques, en provoquant irritations oculaires et toux chez des personnes sensibles : jeunes enfants, personnes âgées ou asthmatiques.
L’O3 peut affecter l’activité photosynthétique des végétaux, et diminuer la productivité des cultures, mais cela dépend de l’espèce.
Par ailleurs, l’O3 a pour propriété d’absorber de l’infrarouge, ce qui en fait un gaz à ‘effet de serre’. Une molécule d’O3 est 2000 fois plus absorbante des infrarouges rayonnés par le sol qu’une molécule de gaz carbonique (CO2).
- Le dioxyde de soufre (SO2) :
C’est un gaz toxique qui en présence d’humidité devient acide (H2SO4).
- L’acide chlorhydrique (HCl) :
Les dépôts d’acides produits par le HCl et le SO2, ainsi que les polluants photochimiques comme l’Ozone, et d’autres facteurs tels la sécheresse, la pauvreté des sols… ont contribués aux troubles forestiers constatés en Europe et Amérique du Nord.
* Notre démarche est de sensibiliser le lecteur succinctement aux problèmes sanitaires liés au traitement des déchets. Toutes les fiches de l’Inrs auxquelles nous nous référons sont des sources d’informations très complètes.
Libre à chacun d’approfondir ses connaissances au-delà de notre résumé, s’il le souhaite.
La contamination de produits consommables (voir annexes 3 et 4)
Les industries qui sont sources d'émission de dioxines dans l'atmosphère, peuvent affecter la santé des populations. Les dioxines sont émises dans l'air (que respirent les animaux), l'eau (que boivent les animaux et où vivent les poissons) et les sols (où poussent les végétaux et que consomment les animaux).
La principale source de risque (90 à 95 %) des dioxines pour la population c’est l'ingestion.
Trois grands types d'aliments contribuent à la majeure partie de l'apport alimentaire en dioxine à raison d'environ 30% chacun:
- Le lait et les produits laitiers,
- Les produits carnés et les ovoproduits,
- Les produits de la pêche.
Les produits végétaux ne compteraient que pour 5% environ de l'apport alimentaire total. Les sources autres que la nourriture sont d'une importance mineure.
La quantité totale de dioxines absorbée chaque jour par un individu dépendra essentiellement de son régime alimentaire et de la teneur moyenne en dioxines de chaque type d'aliment consommé.
Dans un passé récent la nourriture des animaux comprenait des aliments qui contenaient des dioxines, comme les farines animales.
En France, l'interdiction de ces farines animales est effective pour les ruminants et les volailles. Elles étaient appréciées par les industriels de la nutrition animale pour leur richesse en protéines, mais elles ont été interdites à cause de conditions de production douteuses.
La maladie de la vache folle provient directement de l'utilisation de ces farines cuites à des températures trop basses pour détruire les redoutables prions.
En 1997 le ministère de l’agriculture belge a calculé les concentrations de dioxines dans le lait. Les résultats sur les laits non mélangés montraient que la dioxine se situait dans certains échantillons entre 3 et 15 pg teq/g de graisse. En Allemagne et aux Pays-Bas le lait contenant plus de 6 pg teq/kg est détruit. En France on a constaté des teneurs en dioxines trop élevées dans certains laits de la région d’Halluin (Lille) et leur vente a été interdite.
Pour le consommateur, prendre des mesures comme parer la viande pour enlever la graisse, consommer des produits laitiers allégés en matières grasses ou simplement laver ou cuire les aliments peuvent réduire la charge de l'organisme en dioxines. De même une alimentation comportant des quantités suffisantes de fruits, légumes et céréales, aidera à éviter une exposition excessive due à une seule source. Cependant, les consommateurs n'ont qu'une faible action sur leur niveau d'exposition.
Il appartient aux Pouvoirs Publics de surveiller la qualité des approvisionnements alimentaires et de prendre des mesures de protection pour la santé publique.
- Le contrôle des produits alimentaires
Des mesures de dioxines dans les aliments sont effectuées, en particulier ceux d'origines animales et des produits de la mer,
Ces mesures sont effectuées dans le lait, le sang et les tissus adipeux, aussi bien dans la population générale, qu’en fonction de paramètres supposés d'exposition.
- Les dioxines ayant un effet toxique sur la santé et l’environnement, des limites ont été calculées permettant d’estimer les valeurs journalières d’exposition maximale à la dioxine. Celles-ci varient en fonction des pays ou des organismes. Des normes ont été aussi mises
en place pour contrôler et limiter la libération de dioxines dans l’air en particulier causée par les incinérateurs.
Il est à préciser que les normes sont fixées en fonction de certitudes ou du niveau des connaissances du moment. Elles sont révisables lorsqu’il apparaît que les risques sanitaires sont plus sérieux qu’ils avaient été évalués.
- Quantifier la dangerosité des dioxines
Les molécules de dioxines n’ont pas les mêmes dangerosités. Les scientifiques ont donc créé une unité appelée teq (pour Equivalent Toxique) qui est une mesure permettant de rapporter la toxicité d’un isomère à une fraction : Le 2,3,7,8 - TCDD (composé ayant un coefficient de toxicité égal à 1).
- Déterminer le seuil de toxicité des produits alimentaires : les avis divergent !
L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) estime le seuil de précaution pour une exposition quotidienne pendant toute la vie (dose journalière) à 10 pg teq/kg du poids corporel. Mais cette valeur seuil est fortement critiquée.
Le conseil de santé des Pays-Bas (HCN) quant à lui, a une recommandation de norme égale à 1 pg teq/kg du poids corporel et par jour.
L’agence américaine de protection de l’environnement (US-EPA) relève qu’il faut une contamination journalière de 0.006 pg/kg de poids corporel pour limiter le risque de cancer à un cas sur un million.
En France le Conseil Supérieur d’Hygiène Publique Français a estimé (17 mars 1998) que :
. Une exposition journalière inférieure à 1pg teq/kg exclut à priori tout risque pour la santé publique.
. Une exposition entre un et dix ne semble pas entraîner des risques de toxicité chez l’homme
mais n’exclut pas tout risque pour la population.
. Une exposition journalière supérieure à 10 pg teq/kg pendant une longue période peut entraîner des risques d’effets néfastes.
On estime que la consommation journalière d’un français se situe entre 2 et 3 pg teq/kg.
- La réglementation concernant la pollution
On trouve essentiellement ces pollutions aux niveaux :
Des UIOM, des usines de sidérurgie et de métallurgie, et de cimenterie.
Les principaux décrets émis par les autorités portent sur les incinérateurs.
. L’arrêté du 25/1/1991, ne fixait aucune valeur limite pour les PCDD/F mais imposait des conditions de combustion (supérieur à 850°c) et des valeurs limites pour d’autres polluants (poussières, carbone monoxyde).
. L'arrêté du 10 octobre 1996 imposait en France une valeur limite à l'émission de
0.1ng I-teq/m3 en dioxine aux installations d'incinération de déchets industriels.
. Le 24 février 1997 une requête était adressée aux préfets : Ils devaient appliquer aux nouvelles installations d'incinération de déchets d'ordures ménagères la valeur limite fixée pour les incinérateurs de déchets spéciaux (0.1ng I-teq/m3), et aux anciennes usines la même norme à compter du 1er juillet 2000
. La circulaire du 30 mai 1997 du ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement demandait aux préfets que soit mesuré le taux d'émissions de dioxines des usines d'ordures ménagères produisant plus de 6 tonnes par heure.
Les dangers de composants aromatiques polycycliques PCDD/F :
- Dioxines :
Le danger des dioxines provient du fait qu’une fois entrées dans l’organisme, elles sont très difficilement détruites.
Sous forme gazeuses et à faible concentration leur effet est jugé mineur (5%) par rapport à leur ingestion par la chaîne alimentaire.
Toutefois, les dioxines se fixent très facilement sur les particules de poussières. Ces poussières, très fines, pénètrent dans les poumons par inhalation, et arrivent jusque dans les alvéoles pulmonaires où elles sont fixées par le mucus.
Plus les poussières sont fines, plus elles sont dangereuses. La voie respiratoire peut devenir significative pour des travailleurs dans des ambiances industrielles.
Les troubles se manifestent par:
. La formation et développement de cancers, supposés en présence de 2,3,7,8-TCDD
. L’augmentation de la fréquence des diabètes
. L’augmentation des maladies cardio-vasculaires
. Des troubles neurologiques (vertiges, insomnies, fatigue, perte de mémoire, dépression)
. Des douleurs musculaires
. L’augmentation de la fragilité et de la taille du foie.
- PCB Réf : Inrs, Fiche toxicologique FT 194 (édition 2007) *
Les PCB ont été fabriqués industriellement à partir de 1930. Ils sont plus souvent connus en France sous la dénomination de pyralène, arochlor ou askarel. En raison de leur stabilité chimique et de leur faible inflammabilité, ils ont été utilisés comme diélectriques dans des transformateurs et condensateurs. Ils ont été employés comme lubrifiants dans des turbines et des pompes et bien d’autres applications.
Quoique leur production ait été arrêtée depuis les années 1980, ils se trouvent toujours dans de vieux appareils. Du fait de leur demi-vie importante, ils persistent dans les sols, les sédiments, et contaminent ainsi de nombreux compartiments de l’environnement. Récemment la pêche a été interdite sur de nombreux kilomètres du Rhône à cause de la détection de ce produit dans les eaux du fleuve. Le produit est extrêmement toxique pour les organismes aquatiques.
Les conséquences sur l’homme se présentent sous la forme :
. De troubles cutanés
. De troubles neurologiques
. De troubles hépatiques
. De tumeurs cutanées.
Elles ont été décrites, mais les données épidémiologiques ne montrent pas d’augmentation significative de l’incidence du cancer sur le personnel exposé.
Des anomalies ont été constatées chez les enfants des femmes qui avaient consommé en cours de grossesse des aliments contaminés par des PCB et d’autres substances telles les PCDD/F. Ces anomalies portaient essentiellement sur la peau, les muqueuses et les phanères.
Les catastrophes liées à la pollution par dioxines
- L’Incinérateur de Gilly sur Isère
Cet incinérateur a été mis en service en 1971. L’usine était connue comme étant non-conforme à la législation (température des fours inférieure à 850°c, avec des dysfonctionnements fréquents des électro-filtres).
En 2001, les autorités locales sont alertées de l’apparition d’un nombre anormalement élevé de cancers à proximité de l’installation. Des analyses de dioxines sont effectuées sur le lait des vaches broutant à proximité de l’installation.
L’existence de contaminations importantes sont révélées: 75 ng/Nm3 à l’émission des fumées, 5 ng I-teq/kg de matière grasse dans les sols, et jusqu’à 35 pg I-teq/kg de matière grasse dans le lait des vaches.
Le Préfet de Savoie décide la fermeture de l’usine le 24 octobre 2001.
Une situation de crise s’installe ; un plan massif d’abattage du bétail est décidé, les productions de lait et de viande sont retirées dans un rayon de 10 km autour de l’incinérateur.
- La maladie de Yusho :
En 1968, au Japon, il y a eu une intoxication collective à la dioxine causée par une huile contaminée. Ceci a provoqué le développement de chloracnées, de la fatigue, des céphalées, des vertiges et des amaigrissements de la population: c'est la maladie de Yusho.
Ces effets ont ensuite régressé dès l'arrêt de l'intoxication. Cet accident au caractère moins catastrophique que celui qui suivra a révélé les effets de la dioxine sur les humains.
- Le nuage de Seveso :
Le 10 juillet 1976, dans une usine de Seveso (dans le nord de l’Italie), la température de la cuve d'un réacteur où avait lieu une réaction chimique augmenta brusquement: de 126°C à 400°C.
Quelques minutes plus tard eut lieu une terrible explosion. La vapeur monta sous forme d'un petit nuage blanc passé inaperçu. Pourtant les conséquences furent terribles.
Moins de 24 heures plus tard, les problèmes apparaissaient. Ce fut d'abord les hirondelles, puis les poules, lapins, chats et chiens qui moururent. 5 jours plus tard, vint le tour des hommes, ou plutôt des enfants qui commencèrent à avoir des rougeurs et des cloques sur la peau. Chez les adultes, on constata l'apparition de chloracnées, de kystes, de papules pouvant durer 25 ans.
En réalité, ce nuage transportait 2.5 kilos de dioxines, soit 500 000 doses mortelles pour l'Homme si cette quantité avait été absorbée par l'alimentation. Bien heureusement ce ne fut pas le cas.
- La guerre du Vietnam :
Entre 1962 et 1970 afin de repérer les troupes ennemies cachées dans les forets du Sud-Vietnam, ils ont épandu un défoliant appelé l’Agent orange ou phenoxyherbicide qui contenait également de la TCDD. Le maximum de TCDD observé dans le sang a été de 1450 pg/g de MG.
Etude de l’Institut National de Veille Sanitaires (INVS) concernant les cancers à proximité des UIOM (Réf.15)
Nous reproduisons l’essentiel de cette étude.
- Le Contexte
Dans la mise en œuvre du Plan national cancer 2003-2007, la Direction générale de la Santé a adressé une saisine à l'Institut de veille sanitaire (INVS) ayant pour objet d’améliorer les connaissances sur les causes environnementales des cancers. Dans ce cadre, l’INVS a lancé l’étude épidémiologique « Incidence des cancers à proximité des usines d’incinération d’ordures ménagères ».
- L’Objectif
L’étude a eu pour objectif d’analyser la relation entre l’incidence des cancers chez l’adulte et l’exposition aux émissions atmosphériques des usines d’incinération d’ordures ménagères.
- La Méthode
L’étude est de type écologique géographique : les paramètres d’exposition et de risque (taux d’incidence des cancers) sont des indicateurs collectifs estimés à l’échelle de l’Iris (îlots regroupés pour l’information statistique qui comptent en moyenne 2 000 habitants). Elle porte sur les cancers chez l’adulte (plus de 14 ans révolus) diagnostiqués dans les départements de l’Isère, du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et du Tarn entre le 01/01/1990 et le 31/12/1999. Les cancers « toutes localisations », ainsi que certaines localisations spécifiques dont un lien avec l’exposition aux polluants émis par les incinérateurs d'ordures ménagères a été établi ou suspecté, ont été ciblés. C’est le cas des leucémies, des myélomes multiples, des lymphomes malins non hodgkiniens (LMNH), des sarcomes des tissus mous (STM), des cancers du foie, du poumon, de la vessie et du sein (chez la femme).
Toutes les données sur les cancers ont été collectées par les registres des quatre départements de l’étude. Chaque localisation de cancer a été identifiée à partir des codes topographiques, morphologiques et de comportement suivant la classification CIM-O-2. Près de 99 % des cas de cancer ont pu être géolocalisés dans un Iris au moment du diagnostic, à partir de l’adresse du domicile du patient le jour du diagnostic fourni par les registres, ce qui a permis de calculer une incidence dans chaque unité statistique par sexe et par tranche d’âge. L’incidence par type de cancer a été estimée pour l’année médiane de la période d’observation, soit pour l’année 1995.
- Résultats
Les flux des émissions de polluants de chaque incinérateur ont été estimés par un groupe d’experts de façon rétrospective en tenant compte des caractéristiques techniques passées de l’usine et de leur évolution dans le temps. À partir de ces données, l’exposition des habitants de chaque Iris aux fumées d’incinérateur a été quantifiée par une modélisation de la dispersion atmosphérique des polluants en utilisant un modèle gaussien de deuxième génération (ADMS3). Ce modèle prend en compte des paramètres liés au polluant considéré, les caractéristiques de l’installation (flux d’émission, hauteur de la cheminée, etc.), des données météorologiques et topographiques, ainsi que la rugosité du site. La période d’exposition s’étend depuis la date de démarrage de l’usine jusqu’au début de la période de latence ; nous avons tenu compte d’une période minimale de latence de cinq ans pour les hémopathies malignes et de 10 ans pour les autres cancers. Pour modéliser l’exposition, un mélange de dioxines, furanes, PCB a été choisi comme indicateur des substances présentes dans les rejets canalisés des fumées de combustion des ordures ménagères. Un indicateur d’exposition globale, défini comme la moyenne sur la période des dépôts surfaciques annuels accumulés, a été utilisé pour prendre en compte l’accumulation au sol du polluant émis ainsi qu’une demi-vie dans l’environnement de 10 ans.
Un Système d’Information Géographique (SIG) a été développé pour assigner aux Iris les valeurs d’exposition aux incinérateurs issues de la modélisation ainsi que les valeurs de pollution liée au trafic routier. Le SIG a également permis la réalisation de toutes les représentations cartographiques de l’étude.
L’exposition des Iris aux polluants cancérigènes émis par d’autres sources, en particulier le trafic routier et les industries classées pour la protection de l’environnement (ICPE), ainsi que le niveau socio-économique, le caractère rural ou urbain des Iris et la densité de population, ont été pris en compte dans l’analyse comme facteurs de confusion.
L’analyse statistique des données a été réalisée par une régression de Poisson, en utilisant un modèle additif généralisé (GAM), et en cas de sur dispersion poissonnienne, un modèle hiérarchique bayésien a été utilisé.
Entre 1990 et 1999, plus de 135 000 cas de cancers ont été enregistrés dans les quatre départements inclus dans l’étude sur environ 25 millions de personnes-années. Cette population se répartit dans 2 270 Iris dont 23 % (soit 520 Iris) étaient situés en zones de modélisation.
Les risques relatifs (RR) qui ont été calculés comparent le risque de survenue d’un cancer dans des Iris très exposés (percentile 90 de la distribution de l’exposition) au risque de survenue de cancer dans les Iris très faiblement exposés aux émissions d’incinérateurs (percentile 2,5).
- L’étude met en évidence plusieurs relations positives statistiquement significatives entre l’exposition aux incinérateurs et l’incidence :
De « tous cancers » chez la femme : RR=1,06 (IC 95 % 1,01-1,12), --p=0,01,
Du cancer du sein chez la femme : RR=1,09 (IC 95 % 1,01-1,18), --p=0,03,
Des LMNH pour les deux sexes confondus : RR=1,12 (IC 95 % --1,00-1,25), p=0,04,
Des LMNH chez la femme : RR=1,18 (IC 95 % 1,01-1,38), --p=0,03,
Des myélomes multiples chez l’homme : RR=1,23 (IC 95 % 1,00---1,52), p=0,05 ;
- Des associations positives proches de la significativité pour :
Les STM, pour les deux sexes confondus : RR=1,22 (IC 95 % 0,98---1,51), p=0,07,
Le cancer du foie, pour les deux sexes confondus : RR=1,16 -- (IC 95 % 0,99-1,37), p=0,07,
Les myélomes multiples, pour les deux sexes confondus : --RR=1,16 (IC 95 % 0,97-1,40), p=0,10.
- L’étude ne montre pas d’association significative entre l’exposition aux incinérateurs et le risque :
. De cancers toutes localisations chez l’homme
. De cancers du poumon chez la femme et chez l’homme
. De cancers de la vessie chez la femme et chez l’homme
. De leucémies aigues et des leucémies lymphoïdes chroniques chez la femme et chez l’homme.
- Discussion
Les points forts de ce travail sont la taille importante de la population suivie, la cohérence avec les résultats trouvés dans la littérature et la mise en évidence de relations exposition-risque. Cependant, l’étude souffre des limites inhérentes à toute étude écologique, la description de l’exposition à l’échelle collective et l’absence d’information sur les facteurs de risque individuels (histoire résidentielle, exposition professionnelle, tabagisme, consommation d’alcool, traitement médical, etc.). Ce manque d’information au niveau individuel a pu générer un biais écologique qui est a priori une erreur de classification non différentielle responsable d’une sous-estimation des relations observées. De plus, le choix des périodes de latence de survenue des cancers pourrait, si elles étaient trop courtes, entraîner une sous-estimation des Risques Relatifs calculés du fait d’une période d’observation trop précoce. Cette incertitude sur les temps de latence réels et le design écologique de l’étude ne permettent pas de garantir que les risques postérieurs à notre période d’incidence des cancers ne soient pas plus élevés que ceux observés. La méconnaissance de l’histoire résidentielle, l’absence de contrôle au niveau individuel des grands facteurs de risque de cancer, l’usage d’un indicateur global d’exposition décrit de manière collective ne permettent pas d’établir un lien de causalité entre l’exposition aux rejets des incinérateurs et l’incidence des cancers.
- Conclusion
Une relation statistique positive est mise en évidence entre l’exposition passée aux panaches d’incinérateurs et l’incidence au cours de la décennie 1990, chez la femme, des cancers pris dans leur ensemble et du cancer du sein, des LMNH (lymphomes malins non hodgkiniens) pour les deux sexes confondus et chez la femme, ainsi que des myélomes multiples chez l’homme. L’étude suggère également une relation positive, pour les deux sexes confondus, avec le cancer du foie, les STM et les myélomes multiples. Cette étude écologique ne permet pas d’établir un lien de causalité entre l’exposition aux rejets des incinérateurs et l’incidence des cancers. Toutefois, elle apporte des éléments convaincants au faisceau d’arguments épidémiologiques en faveur d’un impact des rejets d’incinérateurs d’ordures ménagères sur la santé publique.
Enfin, l’étude portant sur une situation passée, ses résultats ne peuvent pas être transposés à la période actuelle. Ils confirment néanmoins la pertinence des mesures de réduction des émissions atmosphériques qui ont été imposées à ce type d’installations industrielles depuis la fin des années 90. Compte tenu des faibles RR observés, il n’y a pas lieu de proposer de mesure particulière de dépistage ou de suivi des populations exposées. En revanche, ce travail pourrait être poursuivi, notamment par une étude étiologique du type cas-témoins, avec mesure individuelle de l’exposition, afin de vérifier si les relations observées persistent après contrôle des facteurs individuels et, le cas échéant, d’apporter des arguments forts de causalité.
- Observations
Le lien entre incinération et zones à risques aggravées de cancer est établi.
Cette étude confirme des précédentes études faites autour des incinérateurs de Gilly-sur-Isère (Réf 10) et de Besançon (Viel, Réf. 23)
Nous retenons cependant deux observations :
- La causalité n’est pas établie.
Des facteurs individuels doivent être pris en compte par un examen des cas qui tiennent compte de facteurs tels : l’historique médical des individus, de l’incidence du tabagisme, ou de l’alcoolisme.
Ce travail pourrait être poursuivi par une étude étiologique du type cas-témoins.
- « L’étude portant sur le passé, ses résultats ne peuvent pas être transposés à la période actuelle.»
Il paraît certain qu’avant dix ans, sans nouvelles études dont les objectifs seront clairement définis, il ne sera pas possible de déterminer si les normes actuellement appliquées aux incinérateurs sont suffisamment sévères pour s’assurer que les risques sanitaires dont sont soupçonnées ces machines sont écartés.
Nous attirons l’attention du lecteur sur le fait que « la causalité » est un élément clé pris en compte par la JUSTICE en France . Dans ce contexte, il ne sera pas possible non plus d’effacer le problème sociologique créé par l’existence des UIOM.
Nous ne pouvons que rappeler que des normes sont basées sur les connaissances actuelles, et qu’elles peuvent être révisées en fonction de l’avancement de ces connaissances.
Avec le souci d’informer objectivement sur le sujet, nous avons jugé utile de reproduire un extrait du dossier de Presse :
« Chantal Jouanno (Secrétaire d’Etat) présente le Plan d’actions déchets et installe le Conseil National de Déchets » daté du 9 Septembre 2009.
Propos sur : « L’Impact sanitaire des incinérateurs »
« Comme les autres modes de traitement des déchets, l’incinération est susceptible d’avoir un impact sur la santé. Depuis plusieurs années, de nombreux travaux ont été menés pour améliorer les connaissances sur le sujet. Ils ont permis de grands progrès dans la connaissance de l’impact des usines d’ordures ménagères.
En novembre 2006 l’INVS (Institut de Veille Sanitaire) et l’AFSSA (Agence Française de sécurité sanitaire des aliments) ont rendu public les résultats d’une étude d’imprégnation des populations riveraines d’usines d’incinération. Cette étude a mis en évidence que l’imprégnation riveraine d’usines d’incinération n’est pas supérieure à celle de la population générale, sauf pour le cas des riverains qui consomment une quantité importante de produits animaux locaux et pour les riverains d’usines anciennes, ayant connu des rejets importants de dioxines par le passé. L’étude montre en revanche que dans le cas d’usines récentes, respectant les normes, on ne constate aucune sur imprégnation pour les riverains consommant des produits animaux locaux.
Par ailleurs, l’INVS a publié le 27 mars 2008 les résultats définitifs d’une étude épidémiologique qui fait apparaître une augmentation significative, au sens statistique, de la fréquence de certains cancers pour les personnes ayant subi une forte exposition aux fumées d’incinérateurs dans les années 1971 à 1980 par rapport à la fréquence observée parmi une population très peu exposée : jusqu’à 22% supplémentaires pour certaines formes de cancer du sang chez l’homme, 9% pour les cancers du sein chez la femme…Les résultats portent sur une situation passée et ils ne peuvent être transposés à la situation actuelle. Aujourd’hui pour tous les incinérateurs d’ordures ménagères, des systèmes de traitement des fumées performants permettent de traiter efficacement différents types de polluants.
Le traitement thermique constitue l’un des outils de traitement, parmi d’autres, à haut degré de protection environnementale, dès lors qu’il est correctement dimensionné et respecte les normes en vigueur. Cette garantie de haut niveau de protection de l’environnement est attestée tant par les études d’impact que par le suivi dans l’environnement mis en place autour des incinérateurs. »
Notre commentaire : Un four d’incinérateur fonctionne en permanence avec des gaz en turbulence dans un milieu instable. C’est dans ce milieu impossible à contrôler que des dioxines sont produites ! Leurs analyses complexes sur site sont impossibles, et le coût de ces évaluations onéreuses. En conséquence, elles sont réalisées avec une fréquence peu compatible avec les besoins d’un contrôle automatisé d’une installation industrielle.
Par ailleurs, un incinérateur ne peut en permanence (24 heures sur 24 et sur toute la durée de son activité) fonctionner dans des conditions stables : Maintien d’une température de 850°à la sortie du four et la garantie que les dioxines seront exposées à ces conditions pendant exactement trois secondes. C’Est la durée précise pour les détruire : Pas plus et pas moins ! En conséquence, logiquement certaines échappent dans l’environnement !
« Le MEDD à demandé à l’ADEME, dans la suite du Grenelle de l’Environnement, d’étudier les modalités d’une généralisation du contrôle semi-continu des émissions de dioxines des usines d’incinération d’O.M. »
« Le MEDD a engagé au printemps 2008, dans la suite du Grenelle Environnement, des travaux d’évaluation des conditions de valorisation des mâchefers d’incinération d’O.M dans l’objectif d’en améliorer l’encadrement réglementaire. »
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