Les plus grandes déchèteries se trouvent dans les océans
D'immenses plaques de plastiques flottent sur les océans et sont parmi les problèmes environnementaux les plus importants crées par l’homme, mais également ignorés par lui. Elles se situent au beau milieu d’eaux internationales, hors de Zones économiques exclusives, et en conséquence suscite peu d’intérêt actuellement. Mais ce problème risque de devenir aussi important que le réchauffement climatique ! Il est opportun de l’évoquer à la veille de l’ouverture de la Conférence de Rio+20, parce qu’il risque d’affecter, à l’avenir, les ressources alimentaires de l’humanité, issus des mers !
La France peut donner l’exemple en contribuant rapidement à un effort de réduction des rejets en mer par les voies fluviales qui strient le plateau Guyanais, et qui se jettent dans l’Océan Atlantique. Les habitudes qui consistent à jeter des déchets dans le Maroni, l’Oyapock et les autres rivières, l’absence de sensibilisation au recyclage, sont des sources d’écoulement de matières plastiques vers les eaux océaniques où elles sont aspirées au sein de tourbillons planétaires.
La grande poubelle flottante du Pacifique nord.
La première plaque de déchets a été découverte dans le nord de l'océan Pacifique par le navigateur Charles Moore en 1997. Constituée de deux zones, elle est d’une taille équivalente au tiers des Etats-Unis ou de six fois la France. Compte tenu de la nature des matériaux flottants elle n’est pas observable par satellite, et difficilement observable de loin.
Afin de sensibiliser le grand public, elle a été décrite comme le "7ème continent de plastique". Cette image donne l’impression qu’il s’agit d'un gigantesque amas compact : de sacs plastiques, bouteilles, filets et autres bidons... Mais ce phénomène ressemble plutôt à une "soupe de plastique" constituée de quelques macros déchets éparses, et surtout d'une myriade de petits fragments : une multitude de micro-plastiques d'un diamètre inférieur à 5 mm en suspension à la surface, ou jusqu'à 30 mètres de profondeur.
Quand on puise dans l'eau, on en remonte une quantité impressionnante.
Ce "continent" s’est progressivement formé à partir des déchets provenant d’Asie du Sud Est et d’Amérique de l’Ouest. Ce sont les courants marins qui les ont rassemblés au cœur d’un "Gyre" (terme anglais issu de gyroscope), qui est un vortex formé par la circulation des courants marins.
Aggravation du problème
La preuve de l’aggravation du phénomène vient d'être apportée par une récente étude de l'université de San Diego en Californie et publiée le 9 mai dans la revue « Biology Letter » de la « Royal Society » britannique. Selon les chercheurs, la concentration de micro plastiques a été multipliée par cent au cours des quarante dernières années dans le gyre subtropical du Pacifique nord
Expédition française
Afin de mieux connaître cette vaste zone encore largement inexplorée, une nouvelle expédition scientifique, française cette fois, est en préparation. Le skipper guyanais Patrick Deixonne, membre de la Société des explorateurs français et fondateur de l'entreprise d'expéditions Ocean Scientific Logistic (OSL) doit partir de San Diego d'ici fin mai pour un périple de 2 500 milles entre la Californie et Hawaï. L’expédition est menée en partenariat avec le CNES. Elle devrait durer environ 6 semaines.
L’Objectif est de cartographier les zones polluées est d'alerter sur la pollution sournoise dans cette zone, qui est peu médiatisée en Europe. Le bateau, une goélette des années 1930, sera guidé par des satellites pour se rendre là où la concentration de déchets est la plus forte afin d'en mesurer par des prélèvements d'eau sa densité, la présence de fragments, ainsi que la concentration de plancton.
La plaque de l’Atlantique
On croyait la célèbre "grande plaque de déchets du Pacifique" spécifique à cet océan Malheureusement, elle à son équivalent dans l'Atlantique Nord ! En 2010, cette nouvelle plaque (The North Atlantic Garbage Patch), a été identifiée au large des Etats-Unis par une équipe de chercheurs de la « Sea Education Association », en coopération avec l'université d’Hawaï.
Ces eaux renferment jusqu'à 200 000 débris par km2.
D'une profondeur estimée à environ 10 mètres et d'une superficie équivalente à la France, la Belgique et la Grèce réunies, cette décharge flottante est située à environ 930 km des côtes américaines, et son centre se trouve à la latitude d'Atlanta.
Cette nouvelle alarmante a été révélée lors de la plus grande manifestation concernant les sciences océanographiques : l'American Geophysical Union's 2010 Ocean Sciences meeting qui s'est tenue à Portland, le 23 février 2010.
L’Expédition MED (Méditerranée en danger)
Une autre expédition, en Méditerranée cette fois a eu lieu en 2010. Si aucun « gyre »permanent n’existe dans cette mer fermée, des tourbillons ponctuels et les importants rejets des Etats côtiers entraînent aussi une accumulation de détritus. L'expédition MED a évaluée une moyenne de 115 000 particules par km2 les déchets qui contaminent la mer. A raison d'une moyenne de 1,8 mg par déchet, le poids total de ces plastiques n’est pas impressionnant : 600 tonnes, mais le risque, c'est de voir ces quantités augmenter considérablement avec le temps.
Pollution océanique mondiale
Les zones d’accumulation de déchets dans les océans sont caractérisées par la rencontre de courants marins qui influencés par la rotation de la Terre, s'enroulent dans le sens des aiguilles d'une montre dans l'hémisphère nord, et en sens inverse dans l'hémisphère sud, selon le principe de la force de Coriolis.
Ils forment ainsi d'immenses vortex nommés «gyres océaniques ». La force centripète aspire alors lentement en plusieurs années, tous les détritus qui flottent sur l'eau vers le centre de la spirale, où ils s'amalgament et d'où ils ne sortent jamais.
Ce mécanisme laisse supposer qu'il y a d'autres zones à risque. Cette pollution, invisible depuis l'espace, se retrouvera probablement dans cinq grands bassins océaniques :
. Au sein du Pacifique Nord, et du
. Pacifique Sud au large du Chili,
. De l'Atlantique Nord, et
. De l’Atlantique Sud au large de l’Argentine, et
. Dans l'océan Indien
Emplacements probables des cinq bassins de pollutions océaniques
L’Effet sur la faune marine et les oiseaux
Les plastiques mettent des centaines d'années à se décomposer. Erodés par la mer, et quelque
peu photo dégradés par la lumière du soleil, ils sont fractionnés en plus petit morceaux qui constituent une grave menace pour la biodiversité. Ingérés par les poissons, oiseaux et autres organismes marins, ils suscitent blessures et étouffements ; sans compter que ces déchets génèrent des substances toxiques dans les océans qui peuvent créer un déséquilibre des écosystèmes, ainsi qu’introduire des produits nocifs dans la chaîne alimentaire de l’homme.
Certains échantillons péchés ont démontré qu'environ 9% des poissons avaient ingéré du plastique
Bouchons retrouvés dans des nids d'Albatros. Les parents avaient nourri les poussins avec des bouchons qu’ils avaient pris pour de la nourriture.
Les métaux lourds
Les métaux lourds peuvent menacer la vie sous-marine selon leurs concentrations. Les organismes filtreurs (huîtres, moules) constituent de bons marqueurs de l'évolution des concentrations des principaux métaux lourds rencontrées dans les milieux marins. Si elles diminuent fortement pour le cadmium et le plomb, elles augmentent de manière significative pour le cuivre. Aucune tendance notable ne se dégage pour le mercure (graphique ci-dessous)
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