La collecte et la logistique
La pesée embarquée
Le centre de tri
Que deviennent les matériaux récupérés des déchets ?
Dans une économie circulaire le recyclage commence par une collecte et une première séparation de déchets dans les points d’enlèvements. Ces opérations initiales sont suivies par un enchaînement de tris manuels ou automatisés, qui, accompagnés par les logistiques d’étapes adéquates, permettent à des déchets de devenir des matières premières.
Plus on trie au départ, moins nombreuses seront les opérations de séparations qui suivent avant réemploi.
La collecte dans des conteneurs séparés abaisse le risque que les déchets deviennent encore plus souillés et ainsi réduit le nombre d’opérations de lavage indispensables pour que ces matières soient commercialisables.
Les produits résultant de cet ensemble de tris doivent subir des opérations additionnelles dans des circuits de recyclages (secondaires) et de traitements complémentaires avant qu’ils retrouvent une nouvelle vie.
Par ailleurs, les déchèteries doivent être organisées pour permettre la collecte séparée des déchets verts, ceux des BTP, des encombrants...
La collecte et la logistique
Le transport est un élément important de coût dans le traitement des déchets. En matière de développement durable, moins il y aura de camions sur les routes, moins il y aura de gaz à effet de serre éjecté dans l’atmosphère. Le nombre de tournées ou circuits d'enlèvements n'est pas à confondre avec la fréquence des collectes par tournée. Cette collecte chez les particuliers peut être réduite en équipant les camions avec des bennes ayant des parois séparatives.
- Quelques exemples :
. A Angers :
Les camions bennes sont à compartiments uniques. Le verre est collecté par apport volontaire, et une tournée de collecte est réservée exclusivement pour l’enlèvement de ce produit. Par ailleurs, un tri sélectif effectué chez les particuliers permet de séparer les recyclables et les déchets résiduels. Deux séries de tournées différentes sont nécessaires pour enlever ces deux catégories de déchets isolés dans des sacs distincts. Il faut donc trois tournées différentes pour enlever les matériaux recyclables dans les O.M.
. A Lille :
Les bennes sont équipées de deux compartiments horizontaux isolés par une paroi séparative. Le verre fait partie des produits collectés à domicile avec d’autres recyclables. Ce produit est récupéré séparément sur la chaîne de tri. Cette approche permet d’économiser une tournée de collecte par les camions bennes.
. A Nantes :
Dans cette agglomération le choix a été fait d’enlever les sacs de recyclables et d’ordures résiduelles dans des conditionnements de couleurs différentes dans une même tournée. La séparation est effectuée par détection optique dans un centre de tri.
Tri optique de Nantes (Valorena)
En principe il ne devrait y avoir que des sacs bleus (poubelle grise) et des sacs jaunes (tri recyclage). Le dispositif de séparation des sacs jaunes fonctionne avec une grande efficacité. Il reste à « affiner » la collecte. L’intérêt du système est qu’il permet de faire un seul ramassage avec un camion ordinaire et de ne pas multiplier les conteneurs dans les immeubles. Le geste de tri est assez simple pour l’habitant.
. A Varennes-Jarcy dans l’Essonne :
Les camions sont équipés d’un bras hydraulique permettant le chargement latéral par soulèvement et déchargement des bacs d’ordures dans une benne à deux compartiments. Ce système de collecte n’a besoin comme personnels que le chauffeur et un seul agent de ramassage. Ce dernier a pour mission de vérifier que les bacs se trouvent à la portée du robot et orientés dans le bon sens pour être vidés.
. Au SICTOM de Loir et Sarthe (Près d’Angers) :
Une benne d’un nouveau genre avec trois compartiments avaient été mises en service depuis le 21 Mai 2007. Les déchets étaient déposés séparément : emballages à recycler, ordures résiduelles et verre. Ils étaient collectés lors de la même tournée. Cela faisait deux tournées économisées par rapport au système actuellement en vigueur à Angers, mais les camions bennes étaient aussi accompagnés par de plus petits véhicules qui opèraient dans des rues étroites. Leur rôle était d’enlever et de regrouper les conteneurs dans des endroits accessibles au camion benne, puis de les ramener au point de départ auprès des particuliers. Par ailleurs, les camions étaient équipés d’un GPS, ce qui permettait d’ajuster les tournées au gré des circonstances.
Camion à trois compartiments du Syctom Loir et Sarthe
Intérieur de la benne bi-compartimentée et caisson pour le verre (en l’air) et gestion par ordinateur à partir de la cabine
Ces exemples montrent qu’il est possible de réduire les tournées en adaptant bennes et conteneurs.
- A noter : Un changement de prestataire a conduit à réutiliser des camions bennes à deux compartiments pour un autre système de collecte.
La fréquence des tournées :
. A Angers
Dans certaines communes semi urbaines avec une prédominance pavillonnaire, deux tournées à des jours différents étaient affectées à la collecte des déchets dits résiduels contenant des fermentescibles. En augmentant, dans certains cas, le volume des conteneurs, une des deux tournées a pu être supprimée. De l'expérience acquise, la fréquence réduite d'enlèvement des déchets gris a également été réduite : devenu la quinzaine, le rythme des enlèvements s'avère amplement suffisant.
La diversité de méthodes utilisées pour le ramassage des O.M. illustre que des améliorations et des économies de transports dans la collecte des ordures ménagères sont possibles, avec réduction des nuisances du trafic routier et des rejets polluants dans l’atmosphère.
La « pesée embarquée » et ses variantes (voir aussi § fiscalité - 1ère partie) :
- P.A.Y.T. « pay as you throw » : « payez comme vous jetez !”
Le système le plus juste et le plus incitatif pour réduire le volume des ordures ménagères est celui qui tient compte de la masse réelle que l’on jette, qui fait payer la collecte et le traitement des produits résiduels non triés au kg, comme on paie l’eau au m3, l’électricité au kw/h et le téléphone à la minute. Ce qui responsabilise le « consommateur » du service, et ce que ne fait pas la TEOM (Taxe d’Enlèvement des Ordures Ménagères) établie en fonction de la surface habitable du logement.
. La pesée embarquée :
Chaque ménage reçoit un bac à puce électronique qui permet de peser la masse des produits ménagers non triés à chaque enlèvement par le camion de ramassage. Le paiement se fait en fonction de la masse réelle collectée.
. La levée embarquée :
Une autre variante du système consiste à facturer non plus le poids, mais le nombre de fois que le bac est « enlevé ». Le ménage a donc intérêt à ne le sortir que lorsqu’il est plein. L’avantage de ce système est qu’il accélère les tournées et qu’il empêche les éventuelles fraudes (on ne peut pas « compléter » un bac plein).
. Le sac prépayé :
Le ménage se fournit en sacs de ramassage spécifiques en les achetant à la collectivité (qui peut les diffuser à sa convenance). Ainsi, plus on utilise de sacs pour les produits résiduels ménagers non triés, plus on paie. Il remplace la redevance dans une certaine proportion établie par la collectivité. Ce système, associé au tri optique de sacs de couleurs différentes peut faciliter grandement le tri et la collecte dans les centres villes peu accessibles aux bacs et aux camions compartimentés.
Le centre de tri :
Ce type d’installation est d’utilité publique. Il paraît normal que tout nouveau projet, ainsi que toutes améliorations possibles dans ces unités intègrent la notion de HQE.
Pour ce faire plusieurs concepts doivent être appliqués :
. Le choix raisonné des procédés et des produits de construction
. La protection des sols
. L’utilisation rationnelle de l’énergie par la mise en œuvre du solaire et de la géothermie.
. Le traitement des eaux usagées,
. Une attention particulière doit être portée aux problèmes, phoniques, ergonomiques, visuels et olfactifs.
Les opérations en centre de tri :
- La réception :
Les collectes sont réceptionnées dans une fosse et acheminées sur un tapis roulant vers des postes manuels ou mécaniques afin de séparer les différents matériels valorisables : papier, carton, fer, alu…
(Pour agrandir, cliquez sur les schémas, revenez au document par la flèche "retour" de votre navigateur)
- Des opportunités d’emplois pour du personnel peu qualifié :
Les opérations manuelles sont basées sur le visuel alors que les opérations mécaniques se servent de technologies sophistiquées pour identifier les produits. Ces emplois peuvent correspondre en partie à des situations d’insertion (Rmistes en fin de droits, chômeurs de longue durée, emplois en sortie d’incarcération, voire des analphabètes). Elles offrent de nouveaux métiers (employé de déchèterie ou de collecte) et de nouvelles formations (dialogue avec les usagés). Cependant, il faut convenir que ces métiers sont peu valorisants et durs physiquement. Certains employés sur chaîne de tri peuvent manipuler jusqu’à une tonne de déchets par heure.
- Dossier Médical :
Un agent qui trie manuellement, sélectionne visuellement les objets de même nature pour les jeter dans un opercule soit en face, soit sur le côté de son poste de travail. Le tri frontal entraîne en moyenne 2500 gestes identiques à l’heure, et le tri latéral environ 1200 gestes identiques à l’heure, avec rotation du corps, et déplacement latéral. La limite entre automatisme et gestes d’automate est étroite. Il convient d’examiner attentivement l’ergonomie des installations pour éviter des problèmes musculaires. Les risques de souillures et de contamination existent, sans omettre la dimension psychologique liée à ces emplois. Combien de temps peut-on admettre qu’un individu travaille dans ces conditions ?
Les techniques mises en œuvre :
Les conditions de travail dans les centres de tri étant difficiles, certaines opérations ont été mécanisées pour rendre moins pénibles les opérations manuelles. Aujourd’hui, la quasi-totalité des opérations peuvent se dispenser de main d’oeuvre, mais des solutions raisonnées intermédiaires semblent offrir la meilleure solution pour la conception de ce type d’installation, qui inclut les fonctions de :
- Ouverture des sacs de déchets :
Ouverture des sacs collectés afin de rendre les matériaux accessibles aux opérations de tri, par exemple, par une action rotative de couteaux.
- Séparation des matériaux recyclables (l’efficacité est mesurée par le % de refus de tri) :
En général, les opérations sont mécaniques, suppléées par des robots qui identifient les matériaux.
- Les technologies utilisées remplissent les rôles suivants :
. Séparation des matériaux fins ou tri granulométrique, par l’utilisation de cribles de types « Plans » (tables perforées avec des trous de mêmes dimensions, ou des séries de trous, inclinées ou vibrantes), ou « Rotatifs » nommés « trommel » (Fig. 33)
. Séparation selon la forme plate (journaux, magazines) et autres, ou la densité (légers, lourds) utilisant un système aéraulique par envol des matériaux légers dans un courant d’air, ou placage contre une paroi perforée par mise en dépression, ou un système balistique, par rebond d’adhérence,
. Séparation magnétique des particules métalliques ferreuses :
sous l’effet de l’attraction magnétique par un système fixe au-dessus d’un convoyeur (un overband) les particules sont entraînées hors de la ligne de transport du mélange. L’attraction cessant, elles retombent, soit dans une trémie, soit sur un autre convoyeur.
Sur le plan de la sécurité, il est préférable qu’elles précédent les tris manuels, certains matériaux métalliques étant parfois coupants.
. Séparation par courant de Foucault. Le principe des courants Foucault est de générer des champs magnétiques répulsifs permettant de retirer les métaux non ferreux (aluminium, cuivre, laiton, plomb..) d’un gisement d’emballages en mélange.
. Séparation optique (couleur) du verre ou des sacs de déchets à recycler.
. Séparation par rayon X, infra rouge, et techniques spectrométriques (matières) pour retirer et séparer les plastiques.
. Séparation par flottaison en légers (plastiques, matières organiques) et lourds (sable, verre)
- Conditionnement pour l'expédition des matériaux commercialisables
. Perforateurs de bouteilles plastiques. Ils sont indispensables pour faciliter la compression des bouteilles sous forme de balle, et d’éviter leur éclatement, certaines bouteilles ayant conservé leur bouchon. Ces machines sont généralement constituées de deux tambours munis de pointes d’acier.
. Compacteurs écraseurs métalliques destinés à réduire le volume de boites métalliques afin de réduire le volume emballé. Cet équipement prépare l’alimentation de presses à balles.
. Presses à balles ou à paquets : des vérins tassent les matériaux par pression. Elles peuvent être polyvalentes et utilisées pour différents matériaux.
. La « presse à paquet », spécifique pour les métaux, permet un écrasement plus dense et plus imbriqué pour ne pas nécessiter de ligaturage.
Que deviennent les matériaux recyclés ?
- Le verre : s’il est intact, est réemployé pour revenir sur le marché ; autrement, il est broyé, transformé en calcin (pilé), puis fondu pour être commercialisé sous la forme de bouteilles, flacons.
- Le papier et le carton : ils sont transformés en pâte, puis en papier recyclé, et après plusieurs utilisations en carton.
. Les emballages type « brique » réapparaissent sous forme d’un aggloméré dans un nouveau matériau utilisé dans la fabrication de meubles, ou alternativement en essuie-tout, papier toilette.
- L’aluminium : il est réutilisé dans la fabrication de pièces de voiture et de boites de conserves.
- L’acier : débarrassé de ses impuretés, il retourne dans l’industrie sidérurgique.
- Les autres métaux : ils suivent le circuit traditionnel de la réutilisation.
- Les plastiques : ils sont broyés, nettoyés, réduits en poudre, puis refondus.
. Le PVC est recyclé dans la fabrication de tubes, tuyaux, huisseries, gouttières.
. Le PET (transparent) est utilisé dans l’habillement : jeans, vêtements polaires, ceintures de sécurité. Depuis peu de temps, il est réutilisé pour fabriquer de nouvelles bouteilles d’eau.
. Le PEHD (plastique haute densité) est essentiellement recyclé dans la production de flacons de lessive.
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.