Le volume des emballages en plastique a augmenté de 20% en 15 ans. Chaque année, plus d’un million de tonnes d’emballages en plastique sont mises sur le marché en France et seulement 230.000 tonnes sont recyclées. Pour tenter d’inverser la tendance Eco-emballages propose de mettre tous les emballages en plastique dans le bac de tri, dans le cadre d’une expérimentation qui débutera début 2012.
Les taux de récupération et de recyclage des plastiques sont aujourd’hui très faibles par rapport au verre, aux métaux ou au papier, car cette une matière qui reste difficile à recycler en raison de la pluralité des formules chimiques utilisées pour composer les différents plastiques, ce qui rend la récupération et le tri des déchets plus compliqués. Seules les bouteilles et les flacons, qui sont majoritairement composés de deux résines, le PET et le PEHD, ont trouvé des débouchés car facilement identifiables, captables et recyclables. Le taux de recyclage de l’ensemble des emballages en plastique est de 22,5% en 2010, le reste est enfoui ou valorisé (incinéré).
Les Français s’y perdent.
Aussi, il ne faut pas s’étonner si les Français sont perdus et ne savent plus ce qui doit aller dans la poubelle de tri. A cela, il faut ajouter que ces déchets d’emballages coûtent cher à la collectivité territoriale, qui doit payer le coût du tri, de l’incinération et de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP). Le recyclage du plastique coûte environ 900 euros la tonne, ce qui est bien plus que le verre. «Il faut donc agir en amont, réduire à la source, réduire le poids des emballages et encourager les industriels qui font des efforts. En aval, il faut capter par la collecte un maximum de ces emballages pour accroître le recyclage», a préconisé récemment Eric Brac de la Perrière, directeur général d'Eco-Emballages
L’éco-organisme vient d’annoncer le lancement en janvier 2012 d’une opération qui concernera près de 5 millions d’habitants dans 83 collectivités, sur trois ans. Cette expérience, si elle est validée, pourrait ensuite être généralisée à l’ensemble du territoire. Ainsi, tous les emballages ménagers en plastique (du pot de yaourt à la barquette de fruit en passant par le sachet de produit congelé) pourront être déposés sans se poser de questions dans le bac de recyclage. Les milieux urbains denses et socialement défavorisés, qui ont tendance à peu recycler, comme les milieux ruraux isolés, vont participer à cette expérience, souligne la société, qui va financer l’opération pour un montant total de 30 millions d’euros (10 millions par an). «En développant le recyclage des emballages plastiques, on peut ainsi recycler 140.000 tonnes supplémentaires», explique Eric Brac de la Perrière.
Viser les 40%
En étendant les consignes de tri de la sorte, les taux de recyclage de ces emballages particuliers pourraient doubler et atteindre 40%.
L’association "Amorce" qui représente les collectivités, reconnaît que le lancement de l’expérimentation est plutôt une bonne nouvelle, mais qu’elle aurait pu être mise en œuvre depuis longtemps. «Cela fait 5 ans que nous demandons cette extension des consignes de tri aux plastiques. Il était temps de sortir d’une situation ubuesque dans laquelle les caisses d’Eco-emballages étaient alimentées pendant que celles des collectivités se vidaient», explique Nicolas Garnier, son délégué général.
Parallèlement à l’expérimentation qui sera effective en janvier 2012, les solutions industrielles pour développer des techniques de recyclage des nouveaux emballages plastiques collectés sont à l’étude. Eco-emballage a lancé en mars 2010 un appel à projets afin d’accompagner le développement de ces solutions pour les filières à venir. 9 projets industriels sont déjà prêts, annonce la société.
La phase de préparation de cette opération ne se fait pas sans tiraillements. Plus de 15 millions d’habitants auraient pu participer à l’expérimentation, mais Eco-emballages a fait évoluer les critères de sélection sans réellement échanger avec les autres parties prenantes, ce qui a crispé les collectivités locale et certaines se sont retirées de l’appel d’offre. Autre élément de discorde, les «contrats d’action pour la performance» ou CAP, qui devraient donner aux collectivités davantage de moyens pour améliorer leurs résultats (plus les habitants trieront, plus Eco-emballages soutiendra les collectivités) comporteraient de nombreux points flous et discutables, comme la possibilité, pour les éco-organismes, de soumettre des avenants au contrat au cours de son application qui leur permettraient de dénoncer le contrat qui les relie en cas de refus individuel de celles-ci, ce qui priverait alors les collectivités d'aide au financement de la collecte des déchets. Aujourd’hui seulement 70 collectivités sur 1300 ont signé un CAP.
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