Lille fait rouler ses bus au biogaz. Enfin !
Ouverte en 2007, l'usine de valorisation des déchets organiques de Lille ne valorisait pas son biogaz, celui-ci alimentait une torchère. Désormais, c’est une centaine de bus en profite.
Depuis la fin septembre, l’usine lilloise est enfin arrivée à boucler son projet de transformer les déchets verts de la métropole en biogaz pour alimenter les bus. Une centaine de véhicules de « Transpole » est maintenant alimentée par l'usine de méthanisation.
Il s'agit pour la métropole du Nord de la conclusion d'une démarche engagée dès 1992, imaginée par Pierre Mauroy : à l'époque, une délibération-cadre avait adopté le recyclage des déchets ménagers comme grand principe de traitement. Trois ans plus tard, le choix de la méthanisation, pourtant très peu répandue à l’époque, était retenu, mais Il a fallu attendre 2003 pour que le projet soit attribué en conception-construction à Linde.
Implantée à Sequedin, l'usine est entrée en service en 2007. Calibrée pour 108.000 tonnes de déchets organiques, le Centre de Valorisation Organique (CVO) produit 34.000 tonnes de compost par an (vendues à une coopérative agricole) et 4 millions de mètres cubes de biogaz (soit à peu près l'équivalent en litres de gazole).
Le gaz a rapidement été autorisé par l'état au titre de biocarburant, grâce à de bonnes caractéristiques techniques, mais le CVO s'est heurté à une difficulté administrative typiquement française : une canalisation de 150 mètres avait été réalisée sous la route pour acheminer le gaz à la station de compression du dépôt de bus, immédiatement voisin. Faute de réglementation spécifique, l'état l'a classée en canalisation de transport de gaz naturel et l'agglomération a dû se faire agréer comme transporteur de gaz, au même titre qu'une entreprise spécialisée.
A cette difficulté, se sont ajoutés certains problèmes techniques, comme un débit horaire insuffisant et des odeurs désagréables qui ont conduit la communauté urbaine à rompre le contrat avec le constructeur et à signer une délégation de service public avec un nouvel opérateur, Carbiolane (Dalkia-Ramery). Depuis, l'usine a bien produit son compost, mais a tenté de réduire au minimum la production d'un gaz inutilisable, qu'elle a dû faire brûler en torchère jusqu'à cet automne…
Lille Métropole a quand même utilisé partiellement ce gaz en implantant une petite installation sur le site de l'usine, ce qui a permis de faire fonctionner quelques véhicules et de qualifier le gaz avant son utilisation par la flotte de bus. L'utilisation du biogaz issu des déchets pour les transports risque de ne pas durer car il sera bientôt plus rentable de revendre le biogaz directement sur le réseau du gaz de ville en empochant des certificats verts. En 2011, l'état devrait publier les décrets d'application qui fixeront les tarifs de rachat. Affaire à suivre, donc.